Rencontre avec Chloé Sargis, coach professionnelle certifiée en intelligence émotionnelle
Rencontre avec Chloé Sargis, Coach de vie certifiée experte en Intelligence émotionnelle et Haut Potentiel, passionnée par l’humain
La question de la gestion des émotions en entreprises est clé sur tout processus de recrutement et pour vos collaborateurs en entreprises. Nous avons donc rencontré Chloé, qui accompagne les particuliers et les entreprises afin que chacun prenne conscience de ses forces et apprenne à les mobiliser dans un objectif de bien-être et de performance.
Ancienne « marketeuse » dans le digital, tu t’es reconvertie en tant que coach de vie. Pourquoi ce changement ? Quel a été ton parcours ?
J’ai toujours su que le marketing n’était pas vraiment ce que je voulais faire dans la vie. La seule chose dont j’étais certaine, c’était d’intégrer les relations humaines dans mon parcours professionnel. Or à l’époque, je ne voyais que deux options : psychologue ou assistante sociale. Ne voulant faire ni l’un ni l’autre, en attendant de trouver ma voie, je me suis orientée vers le marketing qui me semblait être le métier le plus créatif et amusant de l’entreprise.
M’ennuyant rapidement, j’ai fait du marketing pendant 8 ans, dans 5 sociétés différentes, groupes & PME confondus comme startups. Durant ce parcours, j’ai eu la chance de participer à une formation management chez Showroomprivé animée par un coach professionnel, ça a été la révélation. Suite à cette rencontre, en parallèle de mon travail, j’ai donc repris mes études, dans une école de coaching proposant un diplôme reconnu par l’état. La formation a duré 15 mois et m’a permis de devenir coach professionnelle certifiée. Et me voilà à temps plein dans le coaching aujourd’hui !
Une fois mon diplôme en poche, j’ai d’abord travaillé en cabinet de coaching, en intervention en entreprise sur des problématiques de leadership et de communication. Aujourd’hui, je développe mon activité en indépendante auprès des Particuliers & des Entreprises via mon site internet : www.macoachdevie.fr
Peux-tu nous décrire ce qu’est l’intelligence émotionnelle ?
La version officielle, et scientifique, donne la définition suivante : l’intelligence émotionnelle est un ensemble d’aptitudes émotionnelles et sociales influençant la façon dont nous :
- Nous percevons et nous exprimons,
- Développons et maintenons des relations sociales,
- Agissons dans la difficulté,
- Utilisons les informations émotionnelles de façon efficace et appropriée.
C’est donc la capacité qu’ont tous les individus à gérer leurs émotions. Ou autrement dit, il s’agit d’avoir conscience de ce qu’il se passe émotionnellement en soi et de savoir l’utiliser de façon efficace tant pour sa performance professionnelle que pour son bien-être en général.
L’intelligence émotionnelle est un sujet de plus en plus abordé en milieu professionnel, pourquoi ? Que peux-tu nous raconter à ce sujet ?
Pendant longtemps les entreprises ont pensé qu’il était possible de demander aux salariés de laisser leurs émotions aux portes de l’entreprise en arrivant le matin. L’entreprise était un lieu de travail, d‘expertises professionnelles, en résumé on sollicitait uniquement ce que l’on entend par hard-skills. Or, l’Homme est un être social qui ne peut pas faire abstraction de ces ressentis et encore moins dans ses interactions aux autres. S’il tente de le faire c’est souvent au détriment de sa santé physique et psychique.
C’est d’abord aux Etats-Unis et au Canada que les entreprises ont commencé à intégrer l’idée que l’on pouvait être un expert dans son domaine avec un QI extrêmement élevé et pourtant ne pas être un « bon » manager ou même simplement un « bon » collègue. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas que l’expertise opérationnelle qui fait la qualité d’un leader. La tolérance au stress, le contrôle des impulsions, la résolution de problèmes, et l’indépendance émotionnelle sont des compétences émotionnelles primordiales pour développer son leadership et font partie de l’Intelligence émotionnelle.
Comment évalue-t-on cette intelligence émotionnelle en entreprise ?
L’intelligence émotionnelle se mesure par l’évaluation du quotient émotionnel. Il existe de nombreux outils pour le faire. Pour ma part, j’utilise l’outil scientifique n°1 au monde qui s’appelle l’EQ-i (Emotional Quotient Inventory). C’est un outil canadien déjà utilisé sur plusieurs millions de personnes à travers le globe.
Concrètement, l’EQ-i est un test (questionnaire en ligne de 20 minutes) qui évalue, sous différentes compétences émotionnelles (de l’amour propre à l’affirmation de soi en passant par l’empathie, la tolérance au stress, …) comment se positionne notre intelligence émotionnelle. Contrairement au QI, que la majorité des scientifiques pensent se figer dès l’adolescence, le QE peut se développer tout au long de la vie. C’est justement ce que je propose dans mes coachings. C’est un outil formidable de prise de conscience qui nous fait gagner un temps fou dans le coaching ! Après avoir passé le test, on ne peut plus ni se cacher ni se mentir car un rapport écrit est généré ! Nous disposons alors d’un point de départ parfait pour travailler. Une évaluation claire et précise des compétences émotionnelles fortement développées chez la personne et à l’inverse de ses axes de développement.
Ici, on ne parle jamais de faiblesses. Ce n’est pas le but de l’exercice ! Car il n’y a pas de faiblesse à proprement parler. Non seulement nous ne sommes pas parfaits, mais je ne pense pas que nous soyons amenés à le devenir. Nous sommes le fruit d’une construction qui dépend de notre histoire et de nos expériences. En résumé, on est ce qu’on est, tout simplement. En revanche, si nous le souhaitons, nous pouvons travailler sur des éléments qui nous posent un problème, et nous développer personnellement et c’est le but du coaching. Dans tous les cas, c’est au coaché, et uniquement à lui, de choisir ce qu’il veut travailler ; soit ce qui lui pose problème dans son quotidien soit au contraire renforcer les forces qu’il souhaite mettre en avant. Tout dépend de la volonté de chacun.
En bref, l’IE est une roue avec 5 grandes thématiques & 3 compétences par thématique qui recomposent au global les 15 compétences de l’intelligence émotionnelle développée par le « Père » de l’Intelligence émotionnelle Daniel Goleman. (CF. schéma). Plus précisément, la perception de soi c’est avoir conscience de ce que tu es, de ce que tu ressens au moment où tu le ressens, et ce qui t’anime profondément ; c’est ton TOI dans toutes ses dimensions émotionnelles. Vient ensuite la question de savoir comment tu vas l’exprimer (ou ne pas l’exprimer), quel est l’impact que cela va avoir sur tes relations humaines, quel est ton processus de prise de décision dans des circonstances émotionnelles compliquées, et enfin comment gères-tu ton stress.
Cette roue est un système en mouvement. Elle n’a pas de début, pas de fin. Toutes les compétences sont liées les unes entres elles. En général, quand le coaché rencontre une difficulté ce n’est ni parce qu’une compétence est trop développée (jamais aucune compétence n’est trop développée), ni parce qu’une autre est sous développée. C’est parce qu’il y a un déséquilibre entre deux compétences.
Par exemple, une personne qui a une affirmation de soi très développée ne pose pas de problème en soi, au contraire c’est une grande qualité de savoir défendre ses idées. Là où ça peut devenir problématique c’est quand l’empathie est basse et qu’il y a un fort déséquilibre entre les deux. En pratique, cela donne une personne qui s’affirme tellement qu’elle écrase les autres par manque de considération pour ce qu’elles pensent ou vivent. Pour le travailler, nous allons donc chercher les autres compétences liées à son empathie et notamment les compétences fortes pour recréer un équilibre. Je l’ai vécu avec un coaché qui avait une réalisation de soi extrêmement développé, c’était d’ailleurs sa plus grande compétence émotionnelle. En trouvant l’intérêt chez lui de se réaliser dans le fait de prendre le temps de comprendre l’autre nous avons débloqué la situation. Aujourd’hui, il voit cela comme un challenge personnel de comprendre l’autre.
Quel impact l’intelligence émotionnelle & l’EQ-i peuvent-ils avoir sur nous ?
L’EQ-i est un outil concret qui nous permet de prendre rapidement conscience des mécanismes émotionnels que nous mettons en place et qui peuvent nous poser problème. Le développement de l’intelligence émotionnelle, ensuite, nous permet de réaliser un changement profond de ces mécanismes pour arrêter de subir nos émotions mais au contraire, les reconnaître et les utiliser efficacement. Dans le cadre de l’entreprise, nous pourrons à la fois développer notre performance et nos rapports aux autres, peu importe le lien hiérarchique (fait référence à l’intégration dans une équipe).
Comme nous l’avons dit précédemment la tolérance au stress, le contrôle des impulsions, la résolution de problèmes, l’indépendance émotionnelle, et j’ajouterai, l’empathie sont des compétences émotionnelles primordiales pour développer son leadership. Or tous ces axes peuvent être développés en coaching si cela est nécessaire.
Quels types de personnes sont concernées par ton coaching ?
Tout le monde, particuliers ou entreprise.
Pour l’entreprise, la mise en place d’accompagnement et d’évaluation d’EQ-i à grande échelle passent par les services RH.
C’est une vraie démarche ! L’intelligence émotionnelle a mis du temps à prendre sa place en entreprise. Elle est déjà bien installée en Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) et dans les pays du nord de l’Europe, mais en France nous avons tout à faire !
Nous commençons tout juste à comprendre qu’un être humain est, certes, un ensemble de compétences techniques et opérationnelles. Mais que toute la dimension humaine est aussi à prendre en compte, sinon ça ne peut pas fonctionner.
Nous avons une seule intelligence émotionnelle, en revanche nous avons tendance à moins laisser vivre nos émotions dans le cadre du travail car nous pensions qu’elles n’y avaient pas leur place. Mais techniquement, au travail nous n’arrêtons pas de ressentir des émotions car ce n’est pas possible, nous les étouffons davantage c’est tout. Le fait d’utiliser correctement ses émotions et les exploiter au service de la performance, c’est aussi, un facteur de réussite important qui devient primordial pour les recruteurs. On peut aussi éviter la somatisation et certains burnouts.
En résumé, en laissant la juste place aux émotions, nous profitons de ce qu’elles ont de meilleur à offrir.
Comment se déroule l’évaluation du quotient émotionnel & par la suite, la séance de coaching ?
Pour obtenir son EQ-i, il faut d’abord me contacter 😊 pour passer le test en ligne qui dure une vingtaine de minutes. Une fois ce questionnaire rempli, nous réalisons un débrief d’une heure, par téléphone. Attention ce débrief n’est pas une lecture des résultats, mais clairement une séance de coaching dont l’objectif est double : 1. que la personne ait une vision claire de ses mécanismes émotionnels en place, 2. des actions concrètes pour mieux gérer les situations qui lui sont problématiques.
Durant le débrief, nous commençons par vérifier que nous sommes d’accord sur les résultats et les définitions des compétences évoquées. Une fois que nous sommes raccords, nous rentrons dans le coaching. Le coaché choisit son sujet. Nous nous focalisons alors sur cet axe de développement pour en comprendre les mécanismes émotionnels et chercher les actions concrètes à mettre en place pour répondre aux besoins du coaché.
* Evaluation EQ-I 2.0 – échelle construite à partir d’un échantillon de 4 000 personnes qui ont passé le test. L’indice de chaque échelle se situe entre 55 et 145. La norme se trouve entre 90 et 110. Par rapport à la norme, en dessous de 90 la compétence est sous-développée, au-dessus de 110 elle est sur-développée. L’outil calcule aussi un indice global de QE.
Dans mon offre, je propose aussi bien de passer l’EQ-i de façon indépendante que de le passer au sein d’un coaching dit « classique » de long terme. Dans ce second cadre, les coachings durent souvent 10 séances espacées de 3 semaines. Lors de la première séance, nous faisons connaissance, ce qui est essentiel, et définissons l’objectif du coaching. Une fois le projet clair, je propose systématiquement de faire passer l’EQ-i à la deuxième séance car cela va permettre d’accélérer le processus de prise de conscience.
En effet, là où nous aurions pu mettre 3 séances à comprendre exactement le mécanisme qui posait problème dans la mise en place du projet, puis encore 3 autres à trouver les forces du coaché à déployer ; avec l’EQ-i nous avons ces réponses dès la seconde séance. Nous pouvons alors nous concentrer durant les 8 séances à venir sur la recherche de solution et la mise en place d’actions concrètes notamment par des exercices. Enfin, j’aime travailler avec ce test car il ne met pas d’étiquette sur les individus. Il permet juste d’établir un profil, un point de départ, que l’on peut faire évoluer par la suite. De plus, on se focalise uniquement sur les forces et je trouve ça bien plus porteur et motivant.
Aujourd’hui, à quel niveau d’importance tu places la gestion des émotions ? Comment cela peut se traduire en milieu professionnel ?
Pour moi c’est essentiel. Nous savons tous rationnellement comment doit se comporter un « bon manager » et quelles qualités il doit avoir. Et pourtant des « excellents managers » nous en connaissons peu, alors pourquoi cet écart ?
Parce que je suis convaincue qu’entre la théorie et la pratique, il y a les émotions. Mal maîtrisées, elles peuvent nous dépasser, nous faire perdre pied et créer cette distorsion entre la façon dont nous aimerions agir/réagir et celle que nous mettons en pratique. Cette évaluation est de plus en plus reconnue par les recruteurs. Il est tout à fait possible d’indiquer ses résultats sur son CV, cela valorisera fortement votre employabilité. Car elle prouve d’abord que vous avez conscience de vos mécanismes émotionnels, et ensuite, que vous avez la volonté de vous développer ce qui est très rassurant pour un recruteur.
Tu es aussi spécialisée en coaching de « Hauts Potentiels », c’est-à-dire ?
L’intelligence émotionnelle est particulièrement appropriée avec les personnes à Haut Potentiel Intellectuel. Ces personnes neuro-atypiques ayant un QI très développé, ont souvent le réflexe de tout passer par le prisme de l’intellect. La conséquence en est que lorsqu’on sort du champ rationnel, ça peut être très difficile à comprendre et à vivre pour elles. Or, une émotion est tout sauf rationnelle, ce qui en fait toute sa complexité et sa richesse.
De plus, les HPIs (surdoués, zèbres, enfants précoces, etc.) ont une hypersensibilité. C’est-à-dire que leurs particularités neurologiques intensifient leurs émotions. Démultipliées, leurs émotions deviennent ainsi encore plus difficiles à maîtriser.
Pour ces deux raisons principales, très souvent, les personnes à Haut Potentiel Intellectuel ont un QI élevé mais un QE bas ce qui peut leur poser problème dans leur bien-être au quotidien (par manque de sérénité) mais aussi dans leurs rapports aux autres.
En développant l’intelligence émotionnelle en coaching, ils apprennent à écouter leur deuxième cerveau celui qui se situe dans le ventre et qui est davantage « viscéral ».
Pour en savoir plus sur l’accompagnement des HPIs : https://macoachdevie.fr/coacher-les-adultes-surdoues/
Une petite astuce à partager pour nous apprendre à mieux gérer nos émotions en « 2 minutes » ? 😉
Nous avons tendance à croire que « maîtriser ses émotions » c’est les « étouffer », faire en sorte qu’elles ne s’expriment surtout pas. Alors qu’en réalité c’est tout l’inverse ! Une émotion a une fonction. C’est un message que le cerveau envoie à notre corps pour se mettre en action face à un stimuli extérieur. Comme son nom l’indique, “motion”, emprunté au latin “motio”, signifie “mouvement” lorsque “e” veut dire “qui vient de l’extérieur”. Le plus important dans le processus, y compris pour son corps, est donc d’accueillir son émotion. C’est un signal. Notre deuxième cerveau nous parle, nos émotions nous disent quelque chose et il faut tout autant l’écouter que le premier.
« Ok, là, je ressens quelque chose, je m’arrête et j’écoute. Qu’est-ce que je ressens ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Quand cela a commencé ? Qu’est-ce qui l’a déclenché ? Je me demande pourquoi cette émotion est là sans y résister ». S’interroger, c’est déjà accueillir son émotion, on a alors fait 80% du travail pour commencer à la maîtriser.
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